pdf
Motifs

Le terme "motif" a plusieurs définitions possibles.
Ce peut être une raison de nature intellectuelle qui motive une action. Dans le domaine du visuel, c'est le sujet d'une peinture, ou encore un ornement répété. Enfin, en musique, il désigne la phrase musicale qui se répète dans un morceau.

L'exposition "motifs" mêle ces définitions. La figure du reptile est déclinée dans un ensemble de tableaux. Les motifs naturels de la peau d'un lézard ou d'un caméléon sont des prétextes à une recherche picturale et photographique abstraite. La figure de l'iguane est prise comme symbole des motifs inconscients qui dirigent les actions humaines. En effet, le discours conscient recouvre l'influence du "cerveau reptilien", qui pousse l'homme à dominer son environnement à son avantage. Enfin l'ensemble des peintures s'orchestre comme une partition musicale, qui entend questionner le rapport destructeur de l'homme à la nature dont il est issu.

Cette exposition est la prolongation d'"empreintes", qui s'était tenue à la Villa de Plan-les-Ouates en juin 2019.
Empreintes

Chacun de nous, du simple fait d’exister, créée une empreinte sur son environnement.

Le cerf laisse l’empreinte de ses sabots lorsqu’il marche dans la terre humide.

L’homme au volant de sa Peugeot 208 laisse chaque jour une empreinte carbone grandissante, tout comme les un milliard d’êtres humains qui possèdent une voiture.

Le peintre préfère emprunter les couleurs de ce qu’il voit du monde pour laisser une empreinte de pinceau sur sa toile.

Mes tableaux jouent de cette polysémie du terme : empreinte. J’utilise des feuilles mortes comme tampons, je joue avec des bouts de ficelles, des morceaux de scotch. J’emprunte dans l’immense répertoire de l’histoire de l’art des formes que je re-dispose dans l’espace de la toile.

Je pense avec Tim Ingold* qu’une nouvelle écologie de l’esprit est possible, et avec Yves Citton*, qu’elle adviendra en parallèle avec le développement d’une écologie de l’attention.

*Tim Ingold, Marcher avec les dragons, ed. Zones Sensibles, 2013

*Yves Citton, Pour une écologie de l’attention, ed. Seuil, 2014
Horloge numérique

J’imagine une horloge numérique, comme celle qui se trouve au-dessus du four électrique de ma cuisine. Elle indique l’heure et les minutes en chiffres, de 0 à 24. J’aimerais comparer cette horloge à l’Histoire de l’humanité.

Tout d’abord, je considère le départ : le zéro. Je le place, peut-être arbitrairement, là où notre calendrier chrétien l’indique : à la naissance de Jésus-Christ. Là débute le décompte des millénaires.

Je saute le matin, et je vais directement à midi : j’y trouve le Moyen-Age, pile à l’heure. En 1200, il est 12 h, et les humains sont entre superstition et religion. Ils érigent des chateaux-forts, lancent des croisades, pillent et cultivent les champs.

A 15 h, l'Europe connaît une Renaissance, les idées s'entremêlent aux arts, tout est redécouvert. C'est un bon moment de la journée.

Enfin, je considère l’heure actuelle : 20h20. Nous sommes à une heure sombre, le crépuscule a commencé. Le soleil s’est déjà couché, sur un paysage désolé : empli de déchets, d’épidémies et de doutes. Surtout de doutes.

Il m’est difficile ensuite de voir plus loin que cette heure; mon horizon est bouché par les émissions de CO2 et de méthane qui reflètent les rayons solaires. Je ne peux que discerner la catastrophe qui se profile derrière.

Sur mon horloge, il reste moins de quatre heures avant minuit. J’imagine qu’en 2400, le monde sera plongé dans l’obscurité totale. Heureusement, je ne serai plus là pour le vérifier.
pdf
Des liens

Les liens, c’est ce qui permet de naviguer d’une page web à l’autre, de manière numérique. Mais il existe aussi des liens analogiques.

Le philosophe italien Giordano Bruno (1548-1600) montre bien les rapports entre lieur et lié dans son traité intitulé des Liens .

A l’heure où le monde entier est entre-connecté, le travail de l’artiste serait de révéler d’autres formes de liens : les liens avec la mémoire des formes, les liens avec le vivant, les liens d’affection.

Cette exposition se veut donc une mise en forme de « ce qui nous lie ».
pdf
pdf
pdf